Quand l'envie d'être mère n'est plus là...
Ma soeur, hier au téléphone m'a dit : "je n'ai plus envie d'être mère".
Cette phrase m'a choquée et en même temps je l'ai tellement comprise... Moi ausi, en ce moment je n'ai plus envie d'être mère. J'ai envie d'être MOI.
Comprenez, j'aime mon fils plus que tout, il est la prunelle de mes yeux, ma merveille, la lumière de ma vie.
Mais justement il est tout, il prend toute la place, je n'ai plus de place pour rien d'autre que celle de maman. En ce moment j'aimerais juste être moi, une entité à part entière qui n'a besoin de s'occuper que d'elle, de se reconstruire (ou peut-être même juste d'enfin se construire), ne penser qu'à moi, pouvoir pleurer quand j'en ai envie, bouger quand j'en ai envie sans me dire, "y'a école demain, ou comment je vais faire avec loulou ou qui peut me le garder". Juste vivre pour moi.
Cela dit juste vivre pour moi ça ne changerait pas grand chose vu que ma vie est désespérement vide et que même quand j'ai du temps pour moi je n'en fais rien et qu'il me manque. La malédiction du parent j'appelle ça. Quand ils sont là ils nous tapent sur les nerfs et on voudrait du calme et quand ils ne sont pas là il y a ce vide en nous qu'on ne peut pas expliquer, il nous manque une partie de nous.
Mais en ce moment j'aimerais ne plus être mère, ne plus ressentir tout ça, revenir à l'époque où j'étais seule, où je n'avais pas de responsabilité, pas d'enfant à élever, à faire grandir, à aider à s'épanouir et à s'envoler plus tard. De temps en temps j'aimerais un relais, quelqu'un qui m'aide, qui m'épaule pour ne pas porter ça toute seule... Mais il n'y a pas, il n'y a jamais... Personne à qui en parler, personne avec qui partager, personne pour me soulager, je porte le poids de mon fils entièrement seule.
Je comprends ma soeur, tellement. Elle vit les mêmes choses que moi et comme moi ça lui prend toute son énergie, elle n'est plus elle, elle n'est plus rien, comme je le suis moi même.
On me dit "profite de la vie"... Oui mais comment? je ne suis pas une entité seule, je suis deux tout le temps... dans mon corps, dans ma tête, dans ma vie...
Parfois j'ai envie de lui hurler dessus, qu'il se taise, qu'il disparaisse quelques minutes pour que je puisse me retrouver moi-même toute seule, mais je ne peux pas faire ça. Il n'y est pour rien lui, je l'ai voulu tout au fond de moi, il ne demande qu'à vivre et pousser comme une jolie plante, à découvrir le monde. Je ne peux pas faire comme s'il n'existait pas.
Alors je tiens... Encore un jour, une semaine, un mois, un ans, 10 ans et un jour il prendra son envol... Je n'arrêterai probablement pas de me faire du soucis pour lui et de trembler, mais je redeviendrai moi... seule.. désespérément seule...
Etre maman/papa solo c'est difficile, c'est un travail énorme, un sacerdoce, une lourde tâche et quand il n'y a aucune personne ressource à proximité et sur laquelle on peut compter, encore plus... C'est tellement important d'être 2 ou 3 ou 4 ou plein pour élever un enfant, qu'il voit, qu'il entende, qu'il ressente des choses différentes d'adultes différents, et pour que chacun puisse aussi souffler. Qu'il y ait des grands parents, des oncles, des tantes qui puissent aussi être là, deux parents. Notre société nous veut mobile... Quel monstre de fatigue et dépuisement est-elle en train de générer, en plus d'individualités et d'égos surdimensionnés où seul soi même compte. Comment nous, mamans/papas solos, pouvont nous vivre et pas seulement survivre dans ces conditions? On nous dit qu'il faut être épanoui(e) et qu'on doit penser à nous... Ok comment? à quel moment? avec quels moyens? C'est impossible lorsqu'on est absolument seul(e).
La vie de maman/papa use terriblement, même si c'est une merveilleuse expérience. Le merveilleux s'efface derrière l'épuisement physique et moral... Il ne devrait pas. Personne ne devrait être seul(e) pour élver un enfant... Personne. Mais il faut faire avec...
Comme pour ma soeur je crois, nos enfants resteront probablement la plus belle expérience de nos vies, mais aussi la plus difficile et la plus douloureuse, car on aura du s'oublier pendant des années....
Ma soeur, si tu lis ça, je sais que tu es courageuse, que tu fais ton maximum, que tu es une super maman, tu n'es juste pas une super héroïne, tu n'es pas wonder woman et tu ne peux pas être tout sauf toi. La solution hélas je ne peux pas te la donner mais si je la trouve, promis tu seras la 1ère au courant.
Je t'aime... un jour tu te retrouveras... et moi aussi.